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Le swing

Une musique populaire universelle

L’ère du swing (période s’étalant de la moitié des années 1930 à la fin de la Seconde Guerre mondiale), est souvent considérée comme « L’âge d’or du jazz ». A cette époque, le jazz va véritablement s’imposer comme un courant musical dominant.

Un nouveau répertoire

La première caractéristique de ce nouveau courant est son répertoire. Si jusqu’ici, le répertoire du jazz était constitué de marches militaires , blues, ragtimes, chansons populaire (certaines, très anciennes, étaient en fait des chansons populaire françaises traditionnelles héritées de l’époque de la Louisiane française) et de danses, plus ou moins déformés par le temps, l’époque qui nous occupe voit la naissance de morceaux spécialement écrits pour le jazz. Ces fameux « standards du jazz » font encore aujourd’hui, même en faisant l’objet d’adaptations et de modernisations, partie du répertoire commun de tout musicien de jazz qui se respecte. On peut citer parmi les plus grands succès : « Take the ‘A’ Train » ou « Caravan » de Duke Ellington, « One O’Clock Jump » de Count Basie, ou encore l’immortel « In The Mood » de Glenn Miller qui semble être « la bande son de la libération de l’Europe » au cinéma.

Notons tout de même l’essor que connaissent les comédies musicales de Broadway et le cinéma. Certaines chansons intégreront également le répertoire du jazz. Aujourd’hui encore, font partie des grands standards des morceaux tels que : « Someday My Prince Will Come » (Un Jour mon Prince Viendra du film « Blanche Neige et les Sept Nains »), « Tea For Two » (Originellement créé pour une comédie musicale) ou encore « My Favorite Things » (« Mes Joies quotidiennes » dans la version français de « La mélodie du Bonheur »).

L’orchestre

La caractéristique évidente du swing est que c’est une musique d’orchestre, qui plus est arrangée. Cela signifie que la musique est écrite sous sa forme définitive, réfléchie et répétée avant son exécution. Néanmoins, il subsiste toujours une ou l’autre section du morceau qui laisse l’occasion aux meilleurs improvisateurs de s’avancer sur scène pour effectuer un solo.

C’est l’occasion pour le jazz de conquérir 2 types de publics : les amateurs de danse, à la recherche de musique hot et rythmée, et puis les auditeurs intellectuels, sensibles aux arrangements de plus en plus soignés et raffinés.

L’identité et l’appartenance du swing

« J’aime à penser que j’ai contribué à faire connaître la musique noire au public blanc. Je suis resté dans la tradition noire. On savait que mon orchestre était noir rien qu’en l’écoutant ». Voilà ce que révèle le célèbre percussionniste Lionel Hampton dans son autobiographie. Dès cette époque , et peut-être même depuis le premier enregistrement de jazz par un orchestre blanc, se posent des débats relatifs à l’identité et l’appartenance du swing, et du jazz en général. Si certains voyaient dans la concurrence loyale existante entre les orchestres blancs et noirs le vecteur d’un rapprochement social, d’autres, considéraient l’appropriation du jazz par les blancs comme une sorte de « pillage culturel ».

A noter également, le phénomène américain qui s’opérait commençait à retenir l’attention des compositeurs classiques européens et russes. Certains , comme Maurice Ravel, par exemple, entreprirent des voyages aux Etats-Unis afin de découvrir le jazz.

Le déclin

Une si belle époque ne pouvait pas être éternelle. Si plusieurs facteurs étaient responsables de l’événement du swing, il en va de même pour ceux qui précipitèrent sa désuétude à l’heure où l’Europe était en guerre. Tout d’abord, les innovations successives, quoi qu’il était de plus en plus difficile d’innover, retenaient de moins en moins l’attention du public, lorsqu’elle ne versaient pas dans la sophistication excessive ou même la trop grande intellectualisation du jazz. Ensuite, aux environs de 1943, une grande grève dans le milieu de l’industrie phonographique combinée à une paradoxale massification du l’utilisation des juke-box mit beaucoup de musiciens sur le carreau. Le coup fatal fut porté par l’entrée en guerre des Etats-Unis qui précipita nombre de jeunes musiciens sur les champs de bataille. Mais le jazz sut tirer profit de cet événement et en profita pour conquérir l’Europe.